Physiologie du stress


Physiologie du stress

Le « stress » est un mot fourre-tout à la mode désignant plusieurs éléments. Son utilisation est éloignée de sa définition initiale, ce qui demande de replacer son utilisation dans un contexte précis pour mieux accompagner les clients.

A l’origine, la notion de stress est une notion simple extraite de la physique mais ses mécanismes sont complexes. Un seul modèle biologique et physiologique existe aujourd’hui malgré la multitude de causes.

1- Définition

Le premier à avoir introduit la notion en médecine est le Docteur Hans Selye en 1936. Voici les définitions usuelles du stress « agression de l’organisme par un agent physique, psychique, émotionnel entraînant un déséquilibre qui doit être compensé par un travail d’adaptation ; agent qui agresse ; tension nerveuse, contrainte de l’organisme face à un choc (événement soudain, traumatisme, sensation forte, bruit, surmenage) ; état d’une personne soumise à cette tension ».

Le mot « stress » désigne donc plusieurs concepts :

      • l’agent qui provoque la réaction ;
      • la réaction elle-même ;
      • l’état résultant de la réaction.

Lorsqu’une personne évoque la notion de stress, il est intéressant de déterminer le concept qu’elle utilise. De nombreuses causes nécessitent une adaptation de l’organisme. Selon la personne, plusieurs variables entrent en jeu :

      • intensité de la réaction adaptative ;
      • durée de la réaction adaptative ;
      • méthodes de résolution utilisées.

Les causes, les durées et les méthodes utilisées sont variables. En revanche, la réaction physiologique du stress est la même chez chacun d’entre nous. Il semble donc logique de revenir sur la physiologie du stress.

2- Causes du stress

Aujourd’hui point de mammouth à abattre, point de lynx ou de guépard à combattre. Les causes du stress peuvent être :

  • physique : maladie, manque de nourriture, excès d’exercice physique, accident ;
  • émotionnel : choc et traumatique émotionnel, conflits relationnels, menaces verbales, compétition, problèmes financiers ou familiaux, 

3- Physiologie du stress

Phases du syndrome d’adaptation général

Il existe trois phases définies par Hans Sélye dans le cadre du syndrome général :

      • une phase d’alarme durant laquelle l’organisme mobilise toutes ses ressources entraînant une augmentation constante de la réponse ;
      • une phase de résistance durant laquelle l’organisme ajuste sa réponse permettant une stabilité de la réponse ;
      • une phase de récupération si le stresseur disparaît, ou d’épuisement si l’agression perdure alors que l’organisme n’est plus capable de maintenir le niveau adéquat de sa réponse. Cette phase d’épuisement se traduit par l’émergence de maladies, voire de décès.

Détail biochimique du syndrome d’adaptation général

La physiologie du stress repose sur deux composantes : l’axe neurologique et l’axe endocrinien. Ces deux axes permettent le couplage entre l’activation cérébrale et la mobilisation de l’organisme.

Lors de la phase d’alarme, le stresser est perçu par l’organisme, ce qui active le tronc cérébral, l’hypothalamus, le système nerveux sympathique et la médullosurrénale qui libèrera des catécholamines dans le sang à raison de 20% de noradrénaline et 80% d’adrénaline.

Si l’élément stressant persiste, le néocortex, le système limbique, l’hypothalamus, l’hypophyse et les corticosurrénales seront stimulés, ce qui engendrera une libération de glucocorticoïdes dans le sang. La stimulation surrénalienne persistera jusqu’à la résolution ou jusqu'à l’épuisement.

Lors de la phase d’alarme, un pic d'adrénaline et une augmentation la noradrénaline seront observées tandis qu’une diminution du GABA, du zinc et du magnésium s’opérera.

En phase de résistance, la noradrénaline se maintiendra alors que la concentration en adrénaline chutera, tout comme la dopamine, le magnésium, le zinc et le GABA. Un pic de sérotonine pourra être observé ainsi qu’une cause progressive du cortisol.

En phase d’épuisement, tout chutera, excepté le cortisol qui augmentera avant un effondrement. C’est pour cette raison que plus la prise en charge médicale d’une personne se fait tardivement, plus le temps nécessaire pour se reconstruire et retrouver un état de santé optimal sera long.

4- Méthode de survie

Henry Labori disait que « le système nerveux est fait pour agir ». Lorsqu’il est stimulé, il permet l’action, qu’elle soit sous forme de fuite, d’agression ou d’inhibition. La fuite et l’agression permettent de décharger l’organisme et d’agir. Ainsi, dans les expériences menées par Henry Labori, les souris soumises à un stress physique qui pouvaient fuir ou se battre ne présentaient aucun signe ou symptôme. A contrario, chez les souris subissant une agression physique, une altération de la qualité du poil, de la tension et du poids étaient observés (résultats observés au bout du septième jour consécutif). L’inhibition d’action (réelle ou perçue) est donc la pire chose pour le système nerveux et donc l’organisme. Cela montre que le stress est d’abord une histoire de perception avant d’être un mécanisme biochimique.

5- Micro-nutriments

En fonction du stade du syndrome d’adaptation général, il sera intéressant de fournir les micronutriments dont le corps a besoin. Des précurseurs du GABA, de la dopamine et sérotonine, des plantes calmantes, adaptatives et un apport de magnésium, et zinc sont indiqués pour retarder la phase d’épuisement.

Conclusion

Le stress est un état d’équilibre résultant de stimuli intrinsèques, extrinsèques, réels ou perçus, dans lequel la personne fait face à une agression et mobilise ses ressources (physique, énergétique, émotionnelles et spirituelles) pour s’adapter au changement.

Plutôt que voir le stress comme bon ou mauvais, je trouve intéressant de le voir comme une réaction d’adaptation par redirection énergétique en fonction des besoins du moment. Il est intéressant de discerner les états de stress ponctuels et intenses, des états de stress modérés et répétés ; des situations motivantes, des contextes subis pour accompagner au mieux les personnes. La seule question restante est « quelle est la capacité de la personne à produire des réponses (physiologiques et émotionnelles) adaptées ».

Bibliographie

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